Sa voix envoûte. Son physique de femme-enfant intrigue. Sa musique se diffuse dans le monde. Ayo est aujourd’hui une femme comblée. En concert à l’Arène du Sud le 14 juillet prochain, Belle ne pouvait pas passer à côté du parcours de la chanteuse, parfois chaotique mais toujours inspiré, par la musique comme par ses enfants. Portrait.
Par G. Perrier
Découverte en 2006 avec son titre « Down on my knees », Ayo a sorti un album éponyme en octobre 2017. Pourtant, comme l’artiste le dit elle-même, rien ne la prédestinait à devenir une chanteuse internationalement reconnue. « Qui aurait sérieusement cru que Joy Olasunmibo Ogunmakin, cette étrange petite fille aux cheveux crépus, avec une dent fêlée et un sourire bizarre, serait un jour auteur-interprète double-platine ? »
Un début de vie difficile
Les premières années de sa vie, Ayo les passe en famille d’accueil – sa mère tombe dans la drogue et son père ne peut s’occuper seul de sa fratrie ; des moments difficiles pour la petite fille qu’elle était. « J’avais toujours l’impression qu’il n’y avait pas de place pour moi car le seul endroit où je voulais être, chez mes parents, n’était pas une option à l’époque. » Quand elle a 14 ans, elle s’enfuit de l’orphelinat où elle était placée avec sa sœur et part retrouver son père. L’émotion est intense, la famille se rend devant le tribunal de famille et, pour la première fois, on l’écoute. Son père peut les récupérer.
La musique comme moteur
Depuis toujours, la musique est une échappatoire pour la jeune femme aux origines variées. Son père nigérian et sa mère roumaine tzigane lui offrent les notes comme un cadeau. « Mes parents m’ont donné tellement plus que de l’amour. Je crois qu’inconsciemment, ils ont donné à ma vie un nouveau sens : la musique. »
À l’orphelinat, elle apprend le violon, puis le piano, et raconte aux médias qu’en plus de lui permettre de s’échapper, « la musique a nourri mon âme ». Et elle continue !
Elle est très vite repérée en Allemagne mais ne sait pas encore si son destin se trouve sur scène. Elle quitte le pays pour vivre entre Londres, Paris et Brooklyn. Finalement, elle perce en 2006 avec son album Joy et particulièrement le single « Down on my knees ». Sa voix veloutée est en tête des charts.
Elle sortira par la suite trois autres albums, avant de marquer un temps d’arrêt. « J’ai fait tellement d’erreurs dans ma carrière d’artiste que j’en suis devenue très frustrée et triste par moments. Je ne savais tout simplement plus comment gérer les choses. J’étais bloquée dans un immense désordre que j’avais moi-même créé, et je sentais qu’il fallait que je prenne une pause. »
Son cinquième album, Ayo, elle l’enregistre presque dans sa penderie. À l’intérieur, elle pose son âme, ses convictions. Elle met des majuscules aux petites choses qui comptent comme Maman, Papa, Musique, Vie ou encore Artiste. Une façon pour elle d’honorer les concepts auxquels elle croit plus que tout.
Maman avec un M majuscule
Trois enfants : Nile (11 ans), Billie-Eve (6 ans) et Jimi- Julius (moins de un an) : Ayo est une maman comblée. Elle avoue d’ailleurs au Parisien qu’elle n’en veut pas à sa mère aujourd’hui mais « moi je ne pourrai jamais être séparée de mes enfants. C’est mon oxygène. »
Moi je ne pourrai jamais être séparée de mes enfants. C’est mon oxygène !
Sa pause musicale lui a permis de s’en occuper, de les élever et de les aimer. De leur offrir une stabilité, tout comme ils lui avaient offert la possibilité de vivre de sa musique. Mais toujours au Parisien elle confie : « C’était dur. C’est pour ça que j’ai commencé à enregistrer ces nouvelles chansons. J’avais besoin de m’échapper. Je ne pourrais pas juste être maman. J’ai beaucoup de respect pour les femmes qui le sont mais ce n’est pas moi. Je dois être honnête avec mes enfants et ne pas quitter la musique, parce que c’est ce qui me rend heureuse. »
Une tournée en Europe et à Nouméa
Aujourd’hui, ses enfants la suivent dès qu’ils le peuvent sur la tournée de son cinquième album. Maman et chanteuse, Ayo n’hésite pas à mêler ses deux vies, notamment sur les réseaux sociaux où elle partage avec ses fans le bonheur procuré par la maternité et la joie de découvrir les futurs lieux de ses concerts. Elle nous fait découvrir de nouvelles chansons tout en berçant son dernier né contre elle. Une maman 3.0 en quelque sorte.
En tournée dans toute l’Europe actuellement, elle passera – avec un petit détour de quelques miles – par Nouméa, le 14 juillet prochain, pour un concert unique. Dans la note d’intention qu’elle a écrite pour accompagner son dernier album, elle explique parfaitement ce qui attend les fans dans les concerts : « J’espère que vous aurez l’opportunité de l’écouter et qu’il vous touchera autant et fera autant pour votre cœur et pour votre âme qu’il l’a fait pour moi. Si vous n’avez pas simplement envie d’être touchés mais aimeriez aussi être divertis, vous devriez venir à l’un de mes concerts un de ces jours ! »
Ayo en album
2006 : Joyful
2008 : Gravity At Last
2011 : Billie-Eve
2013 : Ticket To The World
2017 : Ayo