Nicole Robineau : Sur le terrain de longue date

La cause des femmes en Nouvelle-Calédonie, cela fait 20 ans que Nicole Robineau porte le dossier. Ou plutôt les dossiers. Car pour elle, il s’agit d’une véritable « boîte de Pandore ». Et les chantiers sont nombreux. Rencontre avec une Calédonienne de convictions, à la tête de la Commission des droits de la femme et de la famille au Congrès.

Mordue de terrain

Nicole Robineau pourrait sillonner la condition féminine en Nouvelle-Calédonie les yeux fermés. Son crédo : « rien ne se fait et ne se fera sans aller sur le terrain ». Être au contact des autres, discerner leurs contraintes et pouvoir répondre « toujours concrètement et spécifiquement » à leurs demandes, selon les milieux et lieux géographiques.

C’est dans ces rencontres qu’elle puise sa force depuis le début. Dans les années 90, elle sillonnait déjà la Grande Terre en « louant des bus pour aller dans les tribus et les communes à la rencontre de toutes les Calédoniennes ». Son objectif était déjà clair : impulser un mouvement féminin pluriethnique qui transcende les classes et les ethnies et dégager des priorités d’actions. Ce combat est encore celui qu’elle mène aujourd’hui, en tant qu’élue, et surtout présidente de la Commission des droits de la femme et de la famille au Congrès.

Presque par hasard

Début 1990, c’est à la faveur d’un intérim sur la condition féminine que Nicole Robineau prend les armes dans ce combat pour la liberté, l’éducation et la protection des femmes en Nouvelle-Calédonie. Un combat qui ne l’a plus quitté depuis. En 1992-1993, elle organise les premiers États généraux et créé le Centre de conseil familial. « En Nouvelle-Calédonie, il est important encore aujourd’hui d’éveiller les mentalités sur la condition féminine. On est là pour empêcher que des situations deviennent dramatiques. »

Engagement politique

Élue pour la première fois en 1999, Nicole Robineau trouve ici l’opportunité de mener à bien de véritables changements pour les Calédoniennes. La même année, avec l’appui de Marianne Devaux alors 2e vice-présidente de l’assemblée provinciale sud, la loi IVG est votée, 26 ans après la loi Veil. Violences, formations professionnelles inexistantes, difficultés familiales, isolement… Nicole Robineau est sur tous les fronts. Le 8 mars 2000, elle permet de relayer pour la première fois en Nouvelle-Calédonie la journée internationale des droits des femmes.

En 2002, elle apprend que l’Inserm, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, lance une enquête nationale sur les violences physiques et sexuelles faites aux femmes. Elle parvient à étendre l’enquête en Nouvelle-Calédonie qui révèle que le taux déclaré de violences est sept fois plus élevé qu’en Métropole. Mais les chiffres datent. Et sous l’impulsion d’un nouveau mandat, c’est désormais l’enquête VIRAGE qui doit commencer à la fin de l’année et qui va permettre de se rapprocher de la réalité de terrain. Un autre combat en cours, « inscrire le sexisme dans les règlement intérieurs » et l’égalité professionnelle.

La prise en charge de la violence

« Je pense que je suis quelqu’un de très humaniste et la violence envers autrui est quelque chose que je ne supporte pas. J’aime aider les gens, donner du sens à mon engagement politique. » Pour Nicole Robineau, l’espoir est là car le seuil de tolérance face aux violences faites aux femmes est en train de baisser dans le monde et en Nouvelle-Calédonie. « La première cause de mortalité dans le monde, c’est la violence faite aux femmes. Alors, qu’est-ce qu’on nous fait payer ? Chacun doit s’interroger sur la question, surtout quand on sait que même dans les pays les plus égalitaires, la violence persiste. » Et son implication ne faiblit pas aujourd’hui. Elle met toute son énergie à défendre la mise en place du CAUVA (Cellule d’accueil d’urgences des victimes d’agressions) et du TGD (Téléphone Grand Danger).

Son ambition

Elle souhaite que la condition féminine devienne un « secteur totalement transversal. Il faut réunir les “chapelles » et trouver la meilleure façon d’agir ensemble dans tous les secteurs. Et puis surtout, il faut que les femmes s’interrogent sur leur degré de solidarité. C’est un travail de longue haleine que de travailler sur ces différentes responsabilités. »

 


A son actif

– Enquête Inserm sur les violences faites aux femmes, 2003

– Extension de la loi IVG

– Création du foyer maternel de Boulari (Marcelle Jorda)

– Création du foyer Tempora pour les femmes SDF

– Acquisition de la Maison de la femme (rue Surleau)

– Création du Relais

– Création du centre du conseil familial.

– Première campagne du Ruban Blanc.


 

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