Parles-en à ta fille… et à ton fils !

Cela devrait être un sujet totalement naturel et simple à aborder. Et pourtant, beaucoup de parents ne savent toujours pas comment parler contraception à leurs ados. Quand aborder le sujet ? Comment ?
On en parle sérieusement ou avec humour ? Quelles que soient les réponses, une chose est certaine : on en parle ! À sa fille ! À son fils ! Qu’il ou elle soit hétéro, bi, gay ou trans… sans tabou, ni gêne, ni honte.

 

Bien dit et totalement vrai… mais pas si simple à mettre en œuvre. Déjà, il faut accepter que sa « petite fille » ou son « petit garçon » grandisse et que l’heure des premiers rapports sexuels est bientôt là. « Remontrances ou discours moralisateurs sont illusoires, prévient le Dr Alain Tamborini, gynécologue à l’hôpital européen Georges Pompidou (Paris). Lorsqu’une jeune fille a décidé d’avoir des relations sexuelles, rien ni personne ne pourra l’en empêcher. Il faut donc gérer en tenant compte de ce postulat. » Vous voilà prévenus ! Et, malheureusement, trop d’adolescents se croient à l’abri de tous les risques de la sexualité. Donc on en parle !

Pas de recette miracle…et pas de morale

Selon l’INSERM, l’âge moyen du premier rapport chez l’ado est de 17,6 ans. Mais ce n’est qu’un âge moyen. Surtout pas de règles, ou pire, de normalité en la matière ! Il est donc bien difficile d’estimer le moment précis où vous pourrez aborder le sujet. Dans l’idéal bien sûr, cette discussion devrait avoir lieu avant qu’elle ou il n’ait son premier rapport. Le bon sens est souvent la meilleure attitude et le plus important est de faire comprendre à votre ado, que s’il ou elle souhaite parler de sexualité, vous êtes prêts à l’écouter. Attention également à ne pas être trop intrusifs, les ados étant particulièrement soucieux de préserver leur intimité. À proscrire donc les questions directes du genre : « Est-ce que tu as déjà fait l’amour ? », « Est-ce que tu sais comment te protéger ? » Si vous éprouvez de la gêne, saisissez les occasions de dialogue : un film, un article de journal, un reportage télévisé… Et surtout ne lui faites pas la morale ! « Le rôle demère ou de père n’est pas de faire la morale ou de raconter sa vie, mais de faciliter l’accès à l’information sur les différentes méthodes de contraception, et de donner aux adolescents les moyens de prendre leur décision en connaissance de cause, le moment venu », remarque le Dr Marie Veluire, gynécologue sexologue.

Le rôle de mère ou de père n’est pas de faire la morale…

Qui doit en parler ? 
Le père ou la mère ?
Peu importe ! Celui ou celle qui se sent le plus à l’aise. Et si l’on se sent vraiment trop gênés ? On peut encourager son adolescent à parler avec des personnes 
« relais » (médecin, infirmière scolaire, planning familial, Fil santé jeunes ou un adulte dont il se sent proche). 
Le principal : éviter de laisser
 son enfant sans balises.

Et les garçons ?

La contraception n’est pas qu’une affaire de filles ! Et les conseils sont les mêmes : il faut choisir le bon moment, ne pas prendre un ton accusateur et, j’aurais envie d’ajouter, discuter également de ce qu’est une relation amoureuse harmonieuse, de parler de plaisir et d’amour afin que votre garçon n’assimile pas pénétration, performance et amour.

Quelle que soit l’orientation sexuelle

Même les parents les plus ouverts d’esprit peuvent se sentir bouleversés face à l’annonce de l’homosexualité, de la bisexualité, voire de la transidentité de leur enfant. Malheureusement, notre médecine s’avère hétéronormée et ne s’intéresse pas assez aux bi, gays, trans… avec les conséquences que cela peut avoir sur la santé, comme l’indique le Dr Baptiste Beaulieu, dans une récente chronique sur France Inter. « Les personnes trans, bi, lesbiennes, gays, représentent 4 à 7 % de la population et pourtant elles restent l’angle mort de nos facultés de médecine. Ce ne serait qu’une discrimination de plus si, en l’occurrence, l’angle mort n’était pas… mortel. Parce qu’on ne nous l’enseigne pas, parce que la santé des minorités sexuelles comme les lesbiennes n’intéresse personne, parce que la médecine est excessivement normative…», rappelle-t-il.

Emmener sa fille chez le gynéco ou pas ?
Un moment adéquat peut être ses premières règles. C’est l’occasion de lui proposer de consulter un gynécologue et de l’accompagner. « Il pourra ainsi lui donner des informations sur son anatomie, sa physiologie et, surtout, la rassurer », conseille Alain Tamborini. Au cours de cette première consultation, la question de la contraception pourra être abordée tout naturellement.
Quant à savoir si l’on doit prendre rendez-vous chez le gynéco pour sa fille, c’est selon sa personnalité. Si vous avez en face de vous une ado qui a déjà pris les devants, laissez-la faire. Si elle tarde à aborder la question, demandez-lui ouvertement : « Peut-être aurais-tu besoin de voir un médecin qui pourrait répondre à tes questions ? ».

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