« Médecines » alternatives, acte 1

Homéopathie, fleurs de Bach, huiles essentielles ou encore cannabis thérapeutique.
Les « médecines » ou traitements alternatifs aux médicaments envahissent notre armoire à pharmacie et font par la même occasion l’objet de polémique, à l’échelle politique et médicale. Alors que la France vient tout juste de lancer les premiers tests d’utilisation du cannabis thérapeutique, elle a décidé dans le même temps de dérembourser l’homéopathie, jugée notamment inefficace par l’OMS, l’Organisation mondiale de la Santé.
Mais comment sont censées agir toutes ces méthodes
et d’où viennent-elles ? Revue de détail.
Par Sandy This

 


L’homéopathie de la discorde


L’homéopathie est une méthode thérapeutique qui consiste selon ses concepteurs à administrer à un malade sous une forme fortement diluée et dynamisée une substance qui repose sur un premier principe : ce qui déclenche une maladie peut aussi aider à la soigner et à la prévenir. L’homéopathie aurait ainsi les mêmes effets que la pathologie que l’on veut combattre et elle fonctionnerait en stimulant le corps à se soigner lui-même.
Élaborée en 1796 par un médecin allemand, Samuel Hahnemann, l’homéopathie repose également sur un deuxième principe, la « loi des infinitésimales ». Cette dernière implique un procédé de dilutions en série et d’agitations censé augmenter la puissance du produit malgré sa très faible concentration en produit actif minéral, animal ou végétal. Le traitement homéopathique ne dépendrait donc pas seulement des caractéristiques de l’individu, mais aussi des symptômes déclenchés. Le but de l’homéopathe est donc de rééquilibrer l’organisme en profondeur et non de seulement traiter les symptômes.
L’homéopathie est actuellement au cœur de la tourmente. Longtemps remboursée en France, elle ne le sera plus d’ici à 2021. L’homéopathie est dénoncée depuis des années par l’OMS, par les autorités de santé européennes, françaises et américaines. Ces dernières estiment que cette méthode serait un pur placebo.


Fleurs de Bach, les élixirs guérisseurs


Les fleurs de Bach sont des élixirs floraux dont la phytothérapie (traitement des maladies par les plantes ou leurs extraits) serait capable de soulager à la fois les maux physiques et spirituels de l’être humain. Chaque fleur, selon le Dr Edward Bach, concepteur de la méthode, est associée à un état d’esprit. Les fleurs de Bach cherchent non pas à soigner, mais à jouer sur les émotions dites négatives qui peuvent influer sur notre état de santé, et qui visent à aider à surmonter les problèmes.
Le Dr Edward Bach a donné son nom à cette « médecine naturelle » mise au point au début du siècle dernier en observant des gouttelettes de rosée déposées sur des pétales de fleurs. Il aurait pressenti que la chaleur du soleil permettait de transmettre ce qu’il nomme « l’énergie vibratoire » des fleurs aux gouttes de rosée…
Le Dr Bach a ainsi classé 38 fleurs en sept catégories selon les émotions sur lesquelles elles agissent : la solitude, la tristesse, la sensibilité, le souci, l’incertitude, le manque d’intérêt et la préoccupation excessive. Mais comment les choisir ? Il faut s’intéresser au tempérament, à la personnalité, à l’émotion et à l’humeur de la personne que l’on souhaite aider. L’avantage, il n’existe aucune contre-indication, aucun effet secondaire, ni aucun risque de surdosage (l’effet ne sera pas augmenté pour autant) ou d’interaction médicamenteuse à redouter. Toutefois, il faut savoir que les élixirs floraux contiennent de l’alcool. Il serait donc plus prudent de diluer les gouttes. Aujourd’hui, depuis plus de 70 ans, les élixirs floraux auraient prouvé leurs bienfaits pour toutes sortes de problèmes émotionnels aussi bien chez les enfants que chez les adultes.


Ces huiles
qui « soignent »


Les huiles essentielles, aussi appelées essences végétales, sont des liquides concentrés et hydrophobes (qui repoussent l’eau) contenant des composés aromatiques volatils d’une plante. Elles s’obtiennent par extraction mécanique, entraînement à la vapeur d’eau ou distillation à sec. L’ensemble de ces termes est appelé « extraits naturels complexes ».
Les huiles essentielles sont de plus en plus reconnues pour leurs bienfaits sur le bien-être et la santé. L’aromathérapie est l’utilisation des huiles essentielles dans un but préventif, curatif ou de mieux-être. Les huiles et essences contribuent à traiter un symptôme précis, qu’il soit physique ou émotionnel, mais elles peuvent aussi aider au « repos de l’âme », à la relaxation et à la méditation intérieure. Ce traitement naturel est particulièrement usité pour soigner les plaies et lutter contre les infections. Elles apaisent aussi les maux de tête, la toux, les troubles respiratoires et digestifs. Ces huiles sont très appréciées des personnes stressées et des sportifs, car elles combattent le stress et la fatigue, décontractent les muscles et facilitent la récupération. On compte environ 4 000 espèces de plantes d’où l’on extrait des huiles essentielles utilisées en aromathérapie. Il faut savoir que les huiles essentielles peuvent être administrées de différentes façons, selon les troubles à traiter : voie orale, voie respiratoire (inhalation, diffusion, olfaction), la voie rectale et la voie cutanée (massages).

Attention, les huiles essentielles sont contre indiquées chez les femmes enceintes ou allaitantes, les jeunes enfants et les bébés car elles peuvent être néfastes et ne pas remplir leur rôle thérapeutique. C’est le cas des huiles qui contiennent une grande proportion de cétones, des molécules potentiellement hautement neurotoxiques (toxiques pour les neurones, donc pour le système nerveux) et abortives. D’autres, très antibactériennes car riches en phénols ou en aldéhydes aromatiques, sont réservées aux adultes et grands enfants.

Le cannabis thérapeutique 
à l’essai 
Destiné à un usage purement médical, le cannabis thérapeutique est souvent prescrit pour ses vertus antiémétiques (médicament qui agit contre les vomissements et les nausées). Le 11 juillet dernier, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a été favorable à une expérimentation de cannabis thérapeutique en France. 
Selon le cadre proposé fin juin par un groupe d’experts du comité scientifique, il sera utilisé pour cinq pathologies dès 2020 : les douleurs neuropathiques non soulagées par d’autres thérapies, les épilepsies résistantes aux traitements, les effets secondaires des chimiothérapies, les soins palliatifs ainsi que les contractions musculaires incontrôlées (spasticités) de la sclérose en plaques. 
« Des pathologies choisies en fonction des données scientifiques disponibles et qui sont en tête des prescriptions de cannabis dans le monde, là où cela a été légalisé », précise Nicolas Authier, président du comité chargé de travailler sur le cannabis à visée médicale.
 Une avancée prudente, qui attend désormais le soutien du gouvernement. 
Il y a actuellement deux différents principes actifs majeurs du cannabis (le THC et le CBD), seuls les médecins spécialistes peuvent les prescrire. 
Les experts recommandent d’utiliser deux formes de cannabis : celles à effet immédiat (huiles et fleurs séchées pour inhalation) et celles à effet prolongé (solutions buvables et capsules huile).
 Ce sont ces dernières qui seront testées en France. 
Actuellement, le cannabis médical est autorisé dans une trentaine de pays à travers le monde et a gagné beaucoup de terrain ces dix dernières années.
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