Quand les YouTubeuses remplacent les lapins de labos

Sous influence

Avènement de Snapchat, Instagram et autres joyeusetés en ligne. La chirurgie esthétique connaît aujourd’hui un boom inouï… chez les jeunes. Conséquence des chirurgiens qui font de la pub illicite sur Instagram.
Des corps toujours plus normés, sculptés, idéaux et instagramés. Leur code de déontologie l’interdit, mais certains chirurgiens esthétiques continuent de profiter des réseaux sociaux et de leurs plus friands consommateurs pour gagner en visibilité et par ricochet de nouveaux clients. Les Millénials se montrent très soucieux de leur image. Alors si une paire de fesses bombées, des seins refaits à neuf, des pommettes lisses et des maquillages parfaits sont le sacrifice pour être toujours plus « likés », il n’y a pas à hésiter. Ainsi fleurissent vidéos d’opérations, photos de jeunes (à très jeunes) patients… Des pratiques pourtant interdites en France.

Apologie
du bistouri

Célébrités de téléréalité, blogueuses et YouTubeuses sont les premières consommatrices et de véritables publicités ambulantes. Le filon idéal. Un filon supporté par des émissions clés comme Zéro complexe. Dans cette web-TV réalité, la série suit une quinzaine de candidats dans leurs interventions chirurgicales en Tunisie. Des opérations gratuites pour les candidats en échange d’un petit coup de projecteur dû à leur relative « notoriété ». Prothèses dentaires, lipo, injections, augmentation mammaire… cette émission trash a littéralement fait le buzz et est actuellement diffusée sur YouTube avec une saison 2. La seule bonne raison que l’on peut lui trouver d’exister ? Elle montre TOUT. Les souffrances, les pansements, les efforts et les effets.

Le sens du acommerce

Les 18-34 ans sont devenus de grands adeptes du bistouri à l’inverse de leurs aînés qui se tournent vers une chirurgie plus soft. Affiner ses cuisses, creuser ses joues, combler des sillons imaginaires ou non… Des caprices que l’on croyait réservés jusqu’alors aux plus de 50 ans. Oui, mais voilà. Tout le monde ou presque y trouverait son compte, dans le vrai sens du terme.
Ainsi ces YouTubeuses prêtes à tout pour faire des placements de produits rémunérés et donc des opés de chirurgie esthétique. Ne vous méprenez pas. Personne ne cherche à ressembler à sa star préférée. Mais tout le monde veut être LA star et débarque chez les chirurgiens munis d’un selfie retouché grâce aux filtres de certaines applications. De quoi donner des complexes à tout le monde !
Ces jeunes femmes, et jeunes hommes, se servent des réseaux sociaux comme d’une vitrine virtuelle et sont les nouveaux cobayes des labos de cliniques qui mettent en avant des prix très attractifs sans alerte sur les risques opératoires et postopératoires.

Cheffe de file

En tête de la classe, la YouTubeuse beauté aux plus de 3,5 millions d’abonnés, Enjoy Phoenix, qui a avoué en début d’année avoir eu recours aux injections. Elle n’a que 24 ans et fait une nuance qui porte son sens aujourd’hui et minimise les dangers :« je n’ai jamais fait de chirurgie, mais seulement de la médecine esthétique », dira la jeune femme face caméra bien entendu. Seulement voilà. Enjoy Phoenix (de son vrai nom Marie Lopez, là aussi le lifting a agi) disait jusqu’à présent que personne n’avait besoin de faire de la chirurgie ou de la médecine esthétique pour être beau. La bimbo aurait joué du botox et de l’acide hyaluronique pour combler ses sillons nasogéniens et retoucher ses lèvres. Mini crise diplomatique sur YouTube pour celle qui a menti et ne voulait pas « un truc qui fasse trop faux ». On notera toute l’ironie et le paradoxe de cette déclaration. On pardonne tout, puisque c’est « réussi ». Si c’est YouTube qui le dit…

Par C. Idoux

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