Focus L’hypnose, une alternative à l’anesthésie générale !

L’hypnose fait de plus en plus son entrée dans les salles d’opération des hôpitaux. Possédant de nombreux avantages et peu d’inconvénients, elle est adaptée à certaines interventions chirurgicales.

En Nouvelle-Calédonie, elle est depuis récemment pratiquée dans le cadre de la chirurgie plastique.
Par J. Odine


Quand on parle d’hypnose, on pense souvent au show de Messmer qui vous plonge dans le sommeil en un rien de temps et qui vous fait faire des choses incroyables sans que vous puissiez y résister. Mais l’hypnose n’a rien à voir avec le sommeil. C’est un état de conscience modifié, un état de concentration, de veille intense. Vous avez déjà certainement vécu cette expérience dans la vie courante sans vous en rendre vraiment compte, par exemple quand, lors d’un long trajet en voiture, vous êtes à un moment plongés dans vos pensées ou lorsque vous observez la mer ou lisez un livre. Votre attention est focalisée mais vous restez toujours conscients de votre environnement immédiat.

Quelles opérations ?

L’hypnose a mis du temps à se faire une place dans le champ de la santé. Certainement en raison de certains préjugés qui lui ont été associés, soit une forme de charlatanisme, de manipulation mentale. Or, depuis quelques années, cette technique retrouve ses lettres de noblesse. L’hypnose a démontré son efficacité dans les douleurs aiguës ou chroniques, auprès des grands brûlés notamment. Elle donne également de bons résultats dans les douleurs liées aux migraines, au mal de dos, aux rhumatismes, aux problèmes abdominaux, dentaires…
L’hypnose se pratique également de plus en plus au bloc opératoire. En Nouvelle-Calédonie, il est désormais possible dans le domaine de la chirurgie esthétique d’être opérés sous hypnose dans le cas d’un lifting, de la chirurgie des paupières, du nez, des oreilles. Pour d’autres interventions, la technique peut combiner une anesthésie locale, une hypnose et éventuellement une légère sédation intraveineuse pour aider le patient à se détendre sans pour autant le faire dormir. Une pratique que l’on appelle hypnosédation. Elle est bien adaptée aux patients fragiles ou présentant des contre-indications à l’anesthésie générale. Elle peut être proposée en cas de chirurgie non profonde (thyroïde, hernie, sein), d’endoscopie ou de radiologie. Elle est contre-indiquée pour les personnes malentendantes et pour celles que l’idée d’assister à une intervention chirurgicale angoisse.

L’hypnosédation pour la chirurgie du sein

L’hypnosédation pour la chirurgie du sein est proposée depuis 2015 à l’Institut Curie comme alternative à l’anesthésie générale.
 En 2017, 142 patients ont bénéficié de cette technique pour leur chirurgie du sein.
 Une étude menée en 2011 par le Dr Aurore Marcou, médecin anesthésiste et hypnothérapeute, avait retrouvé une grande satisfaction (score 9,2/10) des patients opérés sous hypnosédation.

Coopération

Pour que l’alchimie prenne et que la transe hypnotique fonctionne, il faut que le patient soit motivé et coopératif. Il est impossible donc que l’anesthésiste lui impose sa volonté contre son gré. Il n’y a donc aucune manipulation. Avant l’opération, le patient et l’anesthésiste se rencontrent pour échanger sur les étapes du processus hypnotique. Il est important de connaître les phobies du patient pour éviter de les évoquer pendant l’hypnose, d’instaurer un code d’inconfort si la douleur se fait sentir et de définir pourquoi pas un lieu qui lui semble agréable pour s’y réfugier au besoin lors de l’intervention. Ces échanges en amont permettent de rassurer le patient. Lors de l’opération, le patient est guidé par la voix de l’anesthésiste hypnothérapeute qui lui explique le déroulement de l’intervention afin de dompter une éventuelle angoisse. L’hypnose vise ensuite à l’amener dans un état de relaxation et de détente profond qui l’aidera à gérer son stress ou la douleur s’il la ressent à un moment. Le patient peut parler ou se laisser aller au son des paroles de l’anesthésiste. Dans tous les cas, il reste conscient, mais son esprit est ailleurs, focalisé sur un autre monde.

Les avantages

L’hypnose permet une amélioration du confort du patient. Elle évite les effets secondaires et désagréments d’une anesthésie générale (nausées, vomissements) ainsi que ses complications éventuelles. La récupération post-opératoire est bien plus rapide, que ce soit sur le plan psychologique ou cicatriciel.

Même pour une opération du cerveau ! 

En 2016, au CHRU de Tours en France, a eu lieu une première opération mondiale d’une tumeur au cerveau sous hypnose. 
C’est via cette technique que le chirurgien a ouvert la boîte crânienne du patient. 
L’ablation de la tumeur a pu être faite en interaction avec les réactions du patient pour protéger les réseaux neuronaux toujours fonctionnels. 
Cette technique est utilisée en cas de gliomes de bas grade et parfois de haut grade, des tumeurs infiltrantes qui envahissent des zones liées à des fonctions telles que le langage, la vision et la motricité qu’il faut préserver.
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