Réflexion Égalité femmes-hommes, le combat n’est pas fini !

Alors que les femmes représentent la moitié de l’humanité, la lutte pour parvenir à l’égalité hommes-femmes n’est pas un long fleuve tranquille. Si des avancées existent dans les domaines économique et politique, le chemin pour parvenir à la pleine égalité des droits reste à faire.
En ce début de 21e siècle,
le combat continue !
Par J. Odine

L’égalité femmes-hommes reste malheureusement une utopie. Le constat est en effet alarmant alors que les femmes se sont mobilisées pour faire avancer leurs droits depuis des siècles. Certes, des avancées, il y en a eu, mais le 21e siècle témoigne du chemin encore à faire « pour parvenir à la pleine égalité des droits et des chances entre les hommes et les femmes », estime ONU-Femmes, l’entité des Nations unies consacrée à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes.
L’égalité des sexes est un droit humain fondamental de la personne. Elle est essentielle à la mise en place de sociétés pacifiques et d’un développement durable. Bien qu’un nombre record de 143 pays garantissent l’égalité entre les hommes et les femmes dans leur constitution en 2014, 52 autres n’ont pas encore franchi ce pas. Rappelons quand même que les femmes et les filles représentent la moitié de la population mondiale, donc la moitié de son potentiel !

Peu de diminution des disparités

S’il existe des hommes et des femmes de bonne volonté pour faire bouger les choses, des disparités extrêmes persistent encore dans les domaines économiques et politiques. Des disparités qui n’ont pas connu de véritable diminution depuis un quart de siècle. La situation ne changera que « lorsque les hommes assumeront davantage de tâches à domicile », a estimé en mars 2019 l’ONU. L’Organisation internationale du travail (OIT) a révélé dans un nouveau rapport que l’écart entre les taux d’emploi des hommes et des femmes n’a diminué que de moins de deux points de pourcentage au cours des 27 dernières années.

En 2018, la probabilité que les femmes aient un emploi était inférieure à celle des hommes de 26 points de pourcentage, malgré des sondages qui indiquent que 70 % des femmes préféreraient travailler plutôt que de rester à la maison.
Dans son rapport publié avant la Journée internationale des droits des femmes le 8 mars, l’OIT a souligné qu’il y a plusieurs facteurs bloquant l’égalité dans l’emploi et que « celui qui pèse le plus est la garde d’enfants ».

257 ans !

De son côté, en 2019, le Forum économique mondial constatait dans son rapport annuel portant sur 153 pays que la parité progressait toutefois dans la santé, l’éducation et la politique, mais pas dans le monde du travail. Mauvaise nouvelle : les inégalités au travail se sont creusées en 2019, avec un écart salarial global de 40 %.
Par ailleurs, la place et les opportunités des femmes dans le monde du travail ont baissé cette année, souligne le rapport, qui pointe que seule une poignée de pays approchent l’égalité dans ce domaine.

Dans le monde, le rapport estime qu’au rythme actuel, il faudra encore 257 ans pour atteindre pleinement l’égalité dans le monde du travail ! Un chiffre qui fait bondir ! L’estimation en 2018 était de 202 ans. On constate une régression importante.
En moyenne dans le monde, à peine la moitié des femmes sont sur le marché du travail, contre presque 8 hommes sur 10. L’écart se creuse dans les pays d’Asie du Sud : en Inde, seule 1 femme sur 4 travaille. Et celles qui travaillent sont payées 5 fois moins que leurs collègues masculins. Sans surprise, les femmes sont toujours sous-représentées dans les postes d’encadrement et de direction. Elles sont au contraire plus nombreuses à recevoir un salaire situé dans les tranches basses et moyennes. Or, ces tranches stagnent depuis la crise financière d’il y a dix ans. Le Forum économique mondial évoque aussi le fait que les métiers qu’elles occupent sont davantage touchés par l’automatisation. Plus inquiétant, les femmes sont nettement sous-représentées dans les métiers dits d’avenir : 15 % des effectifs dans l’ingénierie, 12 % dans le cloud computing (le nuage numérique). 90 % des emplois du secteur de la dépendance, le plus souvent des activités faiblement rémunérées, sont occupés par des femmes.

La femme serait vraiment l’égale de l’homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente. » Françoise Giroud

L’Europe : meilleur élève

Pour la 14e année d’affilé, c’est l’Europe de l’Ouest qui présente le moins d’inégalités même s’il lui faudra en moyenne encore 54 ans pour atteindre l’égalité complète. Viennent ensuite l’Amérique du Nord, l’Amérique latine, l’Europe de l’Est et l’Asie centrale. Les inégalités les plus flagrantes concernent l’Asie-Pacifique, le Moyen-Orient et l’Afrique.
Pour la 11e année consécutive, c’est l’Islande qui occupe la première place. Le pays a comblé presque 88 % du fossé entre les femmes et les hommes. L’Europe du Nord truste le haut du classement : la Norvège est deuxième, la Finlande troisième et la Suède quatrième. En Asie de l’Est, sur 153 pays, la Chine est classée 106e, la Corée du Sud 127e. Quant au Japon, il occupe la peu glorieuse 144e place.
« Il y a urgence, appuie Klaus Schwab, fondateur du Forum économique mondial, (…) on ne peut tout simplement pas accepter cette inégalité dans le monde, en particulier vis-à-vis des jeunes générations qui ont un regard de plus en plus progressif sur l’égalité des sexes. »

Postes à responsabilitéS

De son côté, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) relève le manque de dirigeantes. Parmi les écarts significatifs, on compte Israël où seulement 1,5 % des femmes sont entrepreneuses contre 6,2 % des hommes. En Suède, 1,4 % de dirigeantes contre 5,3 % de dirigeants. L’écart est plus réduit en Espagne, qui compte 3,2 % d’entrepreneuses contre 6,3 % d’entrepreneurs.

Le constat est également amer en politique. Au sein de l’Union européenne, la Commission souligne que seuls 6 des 28 parlements nationaux de l’Union sont présidés par une femme. Lors du dernier G20 en novembre dernier, sur les 22 pays présents, 20 étaient dirigés par des hommes. En outre, sept députés nationaux sur dix sont des hommes. Alors que le taux actuel de femmes ministres de haut rang est de 30,5 %, la Commission européenne constate que les femmes tendent à se voir attribuer des portefeuilles jugés moins prioritaires d’un point de vue politique. Enfin, dans les grandes entreprises cotées en bourse dans l’UE, seuls 6,3 % des postes de PDG sont occupés par des femmes.

En moyenne dans le monde, il faudra :257 ans pour atteindre l’égalité dans le monde du travail.
•94 ans et demi pour atteindre l’égalité en politique.
•12 ans pour atteindre l’égalité dans l’éducation.
La France : peut mieux faire

Alors que l’égalité femmes-hommes a été érigée en grande cause du quinquennat par le président Emmanuel Macron, les discriminations au travail sont malheureusement encore d’actualité, autant en matière de rémunération que de précarité de l’emploi. 

Selon Les Glorieuses, collectif féministe, l’écart de salaire entre les femmes et les hommes est tel que les Françaises auraient dû s’arrêter de travailler en 2019 à 16 h 47 le mardi 5 novembre si elles voulaient être à égalité avec leurs collègues masculins. À équivalent temps plein, le salaire mensuel net moyen des hommes s’élève ainsi à 2 438 euros, contre 1 986 euros pour les femmes. La différence est donc de 452 euros. Les femmes gagnent donc 81,5 % du salaire des hommes. Or, depuis 1972 et la loi du 22 décembre, « tout employeur est tenu d’assurer, pour un même travail ou pour 
un travail de valeur égale, l’égalité de rémunération entre les hommes et les femmes ». 
La réalité est bien différente. 

Début de carrière
Les inégalités femmes-hommes au travail se réduisent mais subsistent. Une étude de l’Insee de novembre 2019 montre certes que la participation des femmes sur le marché du travail a fortement augmenté depuis 40 ans pour se rapprocher de celle des hommes. En 2018, 68 % des femmes de 15 à 64 ans étaient actives, qu’elles soient en emploi ou 
au chômage, soit 8 points de moins que les hommes : cet écart était de 31 points en 1975.
En termes de participation au marché du travail, l’égalité est presque une réalité en début de carrière. 
Le taux d’activité des femmes, un à quatre ans après leur sortie d’études, est de 83 %, soit seulement trois points de moins que leurs homologues masculins. Mais cet écart se creuse par la suite : le taux d’activité des femmes sorties d’études depuis cinq à dix ans stagne à 83 %, alors que la population masculine dans la même situation a un taux d’activité de 92 %.
Une situation qui selon l’Insee se traduit par des parcours différenciés selon le sexe au fil de la carrière, liés notamment à la maternité.

Avec l’ancienneté, la situation se dégrade
En début de vie active, le taux de chômage des femmes est moins élevé que celui des hommes. Ainsi, en 2018, 15 % des femmes actives en début de carrière étaient au chômage, contre 19 % de leurs homologues du sexe opposé. Les femmes sont en moyenne plus diplômées que les hommes, ce qui les protège lors de leur entrée sur le marché du travail. 
Avec l’ancienneté, la situation des femmes se dégrade dans tous les secteurs. 
Les femmes sorties depuis plus de onze ans de leur formation initiale connaissent un chômage plus élevé que les hommes. 
C’est surtout le sous-emploi, qui comprend essentiellement des personnes à temps partiel souhaitant travailler plus et disponibles pour le faire qui creuse les inégalités. 
Il est l’apanage des femmes tout au long de leur carrière. 
La gent féminine est également plus soumise aux contrats à durée limitée.
En outre, elles sont toujours sur-représentées dans le secteur tertiaire peu qualifié (aide à domicile, assistante maternelle, secrétariat). 
Des inégalités qui n’épargnent pas non plus les cadres. 
Les jeunes femmes diplômées bac +5 ont plus de difficultés à accéder à ce statut privilégié que les hommes et à décrocher un CDI, constate l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) dans une récente étude. 
Elles sont ainsi 25 % à être en CDD, contre 14 % pour les jeunes diplômés masculins.

Le fameux plafond de verre
Le plafond de verre désigne les « freins invisibles » à la promotion des femmes dans les structures hiérarchiques. 
Il est toujours aussi solide en France. 
L’accès des femmes aux postes à responsabilités reste l’un des principaux points noirs. 
Plus on monte dans la hiérarchie, plus les inégalités entre les femmes et les hommes sont fortes.
 Selon l’Insee, en 2016, la part de femmes occupant des postes de cadre et professions intellectuelles supérieures était de 14,9 % contre 20,4 % pour les hommes. 
Selon l’analyse des données fournies par 732 entreprises de plus de 1 000 salariés, recueillies en mars 2019 par le ministère du Travail sur la présence des femmes dans les dix plus hauts postes de l’entreprise, la note moyenne n’est que de 3/10. Une entreprise sur deux obtient même un zéro pointé dans cette matière. 
Sans surprise, le congé maternité et la capacité à concilier les vies professionnelle et parentale sont des freins à la carrière d’une femme.

Loi du 5 septembre 2018
Entrée en vigueur le 1er mars de cette année, cette loi oblige les entreprises entre 50 et 1 000 salariés à publier un index d’égalité hommes-femmes. 
Cinq indicateurs sont pris en compte : l’écart de rémunération femmes-hommes, l’écart dans les augmentations annuelles, l’écart dans les promotions, les augmentations au retour de congé maternité et enfin la présence de femmes parmi les plus gros salaires de l’entreprise. S’il ne s’applique pour le moment qu’aux grandes entreprises, il concernera à terme à toutes les entreprises. Ces dernières se verront attribuer une note sur 100. Si celle-ci est inférieure à 75, alors l’entreprise aura trois ans pour améliorer sa situation. Si elle n’y parvient pas, elle encourra une sanction allant jusqu’à 1 % de sa masse salariale. 

L’égalité commence à l’école

Fin octobre, une convention a été signée par le Conseil économique, social et environnemental de la Nouvelle-Calédonie (Cese NC), le vice-rectorat, le comité Éducation à l’égalité à l’école (3E), et la Direction générale de l’enseignement.

Son objectif : faire la promotion des valeurs d’égalité et mettre en place une école et une société qui offrent les mêmes chances de réussite à toutes et à tous.
Mettre fin à la violence à l’égard des femmes

La violence à l’égard des femmes est un véritable fléau qui touche tous les pays, même ceux qui ont enregistré des progrès remarquables dans d’autres domaines. Dans le monde, 35 % des femmes ont subi des violences physiques et/ou sexuelles infligées par un partenaire intime ou par d’autres.

En septembre 2017, l’Union européenne et l’Organisation des Nations unies se sont engagées dans une nouvelle initiative mondiale pluriannuelle visant à éliminer toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles : l’initiative Spotlight.


Et en Nouvelle-Calédonie

Les violences conjugales sont malheureusement en nette augmentation. 
Selon un rapport du Conseil économique social et environnemental de 2017, 19 % des Calédoniennes (soit 1 femme sur 5) déclarent avoir été victimes d’agression physique par leur conjoint ou ex-conjoint au cours des 12 derniers mois. Ce taux est de 2,3 % pour la France métropolitaine. 7,2 % des Calédoniennes ont été agressées sexuellement par leur conjoint, c’est 8 fois plus qu’en France métropolitaine.

Une femme sur quatre a subi une agression physique ou sexuelle au moins une fois dans sa vie.
Face à ce fléau, le gouvernement a proposé 
la création d’un Haut Conseil pour l’élimination de 
ces violences. Il sera chargé de présenter en 2020 un plan d’actions global.
Nouvelle-Calédonie. Des progrès mais pas suffisants

Si les Calédoniennes sont de plus en plus présentes sur le marché de l’emploi, l’égalité entre les femmes et les hommes n’est pas encore au rendez-vous.

Sur le plan juridique, la Nouvelle-Calédonie dispose d’un corpus de lois qui atteste de l’égalité professionnelle et qui favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales. Le Code du travail de la Nouvelle-Calédonie garantit également l’égalité professionnelle et interdit toute forme de discrimination. Les conditions de l’égalité professionnelle sont par ailleurs assurées par l’interdiction du harcèlement moral et sexuel. Enfin, l’égalité au travail est favorisée par la protection de la maternité et les droits en matière de parentalité. Les articles Lp. 126-1 et suivants du Code du travail protègent la femme durant sa grossesse des discriminations dues à son état et interdisent son licenciement durant son congé maternité, en dehors d’une faute grave de l’intéressée.

Plus diplômées
Dans la réalité, les chiffres fournis par l’IDC-NC décrivent une réalité contrastée qui témoigne que l’égalité entre les femmes et les hommes n’est pas encore au rendez-vous.
 Certes, les Calédoniennes sont de plus en plus présentes sur le marché du travail. En 2014, le taux d’emploi féminin était inférieur de dix points à celui des hommes, mais il a progressé 3 fois plus rapidement au cours des 5 dernières années. L’emploi féminin est favorisé par des créations d’emplois dans le secteur des services. Néanmoins, si les femmes représentaient 62 % des étudiants en 2016, elles ne constituaient que 54 % des demandeurs d’emploi. 
Bien qu’elles soient plus diplômées, elles sont davantage en recherche d’emploi que les hommes.
 La raison est la même que partout dans le monde : la femme serait plus souvent absente que l’homme en raison de la maternité, les hommes seraient plus compétents et plus disponibles ! Selon un livret sur le travail des femmes édité en 2017 par la province Sud, les femmes occupent plus souvent des emplois temporaires que les hommes (18 % contre 15 %). 13 % des femmes travaillent à temps partiel, soit une proportion deux fois supérieure à celle des hommes (6 %).

Quels secteurs ?
Les femmes restent majoritaires parmi les employés et les professions intermédiaires (respectivement 69 % et 52 % des emplois occupés). 
Elles ne représentent que 28 % des artisans, commerçants ou chefs d’entreprise et 19 % des ouvriers.
Le taux de féminisation est faible (20 %) dans les postes d’ingénieurs et de cadres techniques d’entreprise. 
86 % des femmes travaillent dans le secteur des services, mais elles y occupent en majorité des postes peu qualifiés. 
En 20 ans, on constate que le nombre de femmes dans les professions libérales et aux postes de cadre a doublé.

Salaires : toujours des écarts
Entre 2013 et 2015, le salaire moyen a augmenté en Nouvelle-Calédonie : celui des femmes de 2,4 % et celui des hommes de 4,8 %.
 L’écart moyen entre les salaires des hommes et celui des femmes a atteint 3 % en 2015 contre 1 % en 2013. Il est de 17,8 % pour les postes d’encadrement. 
Un écart qui se creuse.
En tenant compte de l’ancienneté, les disparités sont plus marquées dans le secteur public que dans le secteur privé. 
Dans le secteur public, les femmes touchent en moyenne 15 % de moins que les hommes, contre 4 % de moins dans le secteur privé. 
À diplôme égal, les femmes perçoivent toujours moins que les hommes et les écarts se creusent avec l’élévation du niveau de formation. 
Pour favoriser l’évolution des femmes calédoniennes dans le monde du travail, il faudra déployer des politiques publiques beaucoup plus volontaristes en leur faveur, lutter contre les stéréotypes et changer les mentalités.

Travail et femmes kanak
Longtemps cantonnées dans leur rôle d’épouse et de mère, les femmes kanak, qu’elles soient en couple ou célibataires, s’impliquent dans le monde du travail.
 Elles éprouvent le besoin d’autonomie et n’hésitent pas à se lancer à leur propre compte.
Selon l’étude de la province Sud, les femmes représentent désormais 47 % des Kanak ayant un emploi (45 % en 2009). 
Elles s’intéressent de plus en plus au statut d’auto-entrepreneur (patenté en Nouvelle-Calédonie) qui leur permet d’avoir une activité professionnelle, donc des revenus, tout en pouvant s’occuper de leur famille et assurer les activités coutumières.

Sur un plan politique 
C’est en mars 2001 que la loi sur la parité dans les institutions est appliquée en Nouvelle-Calédonie. 
Même si le Territoire a connu des femmes à la tête de la province Sud et au gouvernement, les femmes ne représentent que 36 % des élus au Congrès, 43 % au niveau des provinces. 
Sur 33 communes, seules six femmes occupent la fonction de maire.
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