Un rapport pour briser un tabou historique

Le 11 février dernier, un rapport parlementaire porté par deux députées, Laëtitia Romeiro Dias et Bénédicte Taurine, a fait l’effet d’une bombe. Le sujet : les règles, ou menstruations comme on le dit encore pudiquement.


 

Les deux députées rappellent en préambule que « la méconnaissance scientifique du fonctionnement menstruel a contribué au développement de mythes populaires, de traditions, de superstitions et d’interdits religieux entourant la femme menstruée.
Les préjugés et les différentes croyances ont progressivement renforcé l’idée que les règles sont impures, prescrivant des comportements différenciés aux femmes en période de menstruations. Cette prétendue nocivité et les effets délétères qui leur étaient prêtés ont ainsi conduit à éloigner les femmes, à les exclure de certains contacts ou de certaines pratiques sociales, à leur interdire certaines activités. »
Ce rapport propose également une quarantaine de recommandations pour que les règles deviennent moins « génératrices d’angoisses et de souffrances ». En voici les 15 recommandations clés.

« À raison de 5 jours de menstruations par mois en moyenne, cela représenterait donc environ 2 280 jours de menstruations par femme. »

Insérer explicitement les enjeux liés aux menstruations dans les actions relevant de l’aide publique au développement, notamment pour l’égalité entre les femmes et les hommes.

Diffuser une campagne d’information sur les menstruations pour déconstruire plus rapidement les tabous
et préjugés qui y sont liés.

Aborder systématiquement les menstruations dès la classe de 6e en dissociant ce sujet de l’éducation à la sexualité ; en dispensant une information à caractère pratique ; en mettant l’accent sur les différents types de protections menstruelles, les consignes d’hygiène et le mode d’emploi.

Exiger des fabricants qu’ils fassent des analyses régulières de la composition de leurs produits, en recherchant systématiquement l’ensemble des substances toxiques et en publiant annuellement sur leur site Internet les résultats des recherches de substances toxiques en y mentionnant systématiquement les polluants détectés et en précisant leur taux de concentration, y compris lorsqu’ils sont inférieurs aux seuils légaux existants.

Afficher de manière claire et visible le temps de port maximal d’une protection menstruelle interne en affichant sur les emballages des tampons et des cups un pictogramme explicite ; préciser dans la notice d’utilisation de ces mêmes dispositifs internes les symptômes médicaux qui peuvent faire suspecter un syndrome de choc toxique (SCT).

Identifier la recommandation de ne pas porter les protections menstruelles internes pendant la nuit par un pictogramme clair figurant de façon apparente sur l’emballage des boîtes de tampons ou des coupes.

Demander aux professionnels de santé d’informer systématiquement les femmes et tout particulièrement les jeunes filles sur les gestes d’hygiène à observer pendant les règles et sur les précautions d’emploi des protections périodiques, en mettant l’accent sur le temps de port maximal des dispositifs internes et sur le fait qu’ils ne doivent pas être utilisés la nuit.

Intégrer dans le programme scolaire d’éducation à la vie sexuelle, une information pratique sur les règles, ainsi que sur les précautions à respecter pour prévenir le risque de SCT et remettre à chaque élève, fille ou garçon, une plaquette récapitulant ces informations.
Soutenir et développer les associations d’aide aux femmes sans domicile pour mettre en œuvre un double système d’aide à travers, d’une part, des lieux dédiés à l’accueil et à l’accompagnement et, d’autre part, des équipes mobiles allant à la rencontre des femmes à la rue pour leur fournir les biens de première nécessité, dont les protections menstruelles, ainsi qu’un suivi et un soutien adaptés.

Déployer des distributeurs de protections menstruelles dans des lieux publics identifiés, comme les hôpitaux, les abords des pharmacies ou encore les toilettes publiques.

Multiplier les lieux de distributions de protections menstruelles dans les collèges et les lycées, en particulier dans les lieux de vie des élèves, et expérimenter la mise en place de distributeurs dans les toilettes.

Étudier la possibilité de mieux réguler la formation continue des professionnels de santé afin de garantir l’actualisation des connaissances médicales, notamment sur le sujet de l’endométriose, mais aussi sur les bonnes pratiques en matière de suivi gynécologique.

Diffuser aux professionnels de santé un guide des bonnes pratiques en matière d’informations à donner aux patientes sur les menstruations.

Prévoir, dans le cadre de la visite médicale obligatoire entre 11 et 13 ans, une information systématique sur les règles, ce qu’elles sont d’un point de vue biologique et ce qu’elles impliquent au quotidien, ainsi que les risques afférents, y compris lorsque les jeunes filles n’abordent pas spontanément ces sujets.

Intégrer un module spécifique consacré à l’endométriose et à sa détection dans la formation initiale de l’ensemble des professionnels de santé en lien avec cette pathologie : médecins généralistes, gynécologues médicaux et obstétriciens, chirurgiens, sages-femmes, infirmiers.

Le rapport est consultable et téléchargeable sur le site de l’Assemblée nationale.
www.assemblee-nationale.fr

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