Manger mieux, pour quoi faire ?

Les nutritionnistes, le corps médical, les bonnes copines n’ont tous qu’un seul mot d’ordre à la bouche : manger mieux ! Oui, mais comment être sur des bonnes quantités suivant son poids, son métabolisme, son âge, etc. ? Quels sont les aliments à privilégier et surtout : à quoi ça sert ? Est-ce encore possible au regard de la flambée des prix ?


Une alimentation variée et équilibrée, associée à une activité physique régulière, donne une sensation de bien-être et aide à rester en bonne santé. Voilà pour la théorie. En pratique, tout est une question d’équilibre et de règles. Et c’est là que les ennuis commencent. Chacun d’entre nous possède un héritage génétique, familial et sociétal face à l’alimentation. On aura beau vous donner toutes les règles alimentaires, s’alimenter, « mieux manger », reste une démarche purement personnelle.

« La majorité d’entre nous éprouvent
de la culpabilité
alimentaire presque tous les jours
« 

Si, en Nouvelle-Calédonie, l’Agence sanitaire et sociale s’évertue depuis plusieurs années à mener des campagnes pour mieux manger et mieux bouger, c’est bien parce que les chiffres ne sont pas rassurants dans leur globalité. La valeur moyenne de l’Indice de masse corporelle (IMC) chez les adultes calédoniens est de 28,8 kg/cm2. La surcharge pondérale (IMC>25) caractérise bien la population, quels que soient l’âge, le genre ou la province. Le pourcentage de personnes en surcharge pondérale (surpoids et obèses) est de 67,3 % de la population, soit plus de deux Calédoniens sur trois (Source ASSNC).

Une campagne de réconciliation

La répartition des tranches d’IMC varie également selon la communauté d’appartenance. Les Polynésiens sont particulièrement touchés par la surcharge pondérale, suivis des Mélanésiens, des autres ethnies et enfin des Européens. Il ne faut pas y voir automatiquement une question de moyens et la nouvelle campagne de l’Agence rurale (voir page 34) le prouve : « Les Calédoniens ont un mode de consommation de type « européen » avec comme produits phares : la tomate, les pommes de terre, la salade, les carottes, les concombres, le chou, les courgettes, etc. Or, ces habitudes alimentaires sont en décalage avec les conditions de la Nouvelle-Calédonie.»
Lorsque l’Agence rurale a présenté ce projet aux agriculteurs, leurs premières réactions furent de la réticence car les premiers essais montraient une méconnaissance des produits par les consommateurs.
Il apparaît aujourd’hui essentiel d’éduquer les consommateurs, que ce soit sur les types de produits ou sur les habitudes. Et la bataille est loin d’être gagnée. D’abord parce que les personnes en surpoids se heurtent souvent au cliché d’un manque de volonté simple pour y arriver. Or, comme le reste de la population, mis à part leurs bourrelets, disons-le simplement : les gros ont aussi une vie.
Car à une meilleure éducation sur les produits et les pratiques alimentaires, il faut aussi rajouter la notion de temps. Pour Léa, le combat a été difficile : « j’ai mis un temps au début à identifier les bons produits, et surtout à cuisiner. C’était une véritable galère. J’avoue aujourd’hui, après un an d’efforts pour atteindre mes objectifs, je vois bien que je reglisse doucement vers ce que l’on appelle les « mauvaises habitudes », celles qui me font culpabiliser ! »

La culpabilité alimentaire

En réalité, la majorité d’entre nous éprouvent de la culpabilité alimentaire presque tous les jours ! Une culpabilité face à la nourriture qui peut devenir néfaste si elle empêche de vivre pleinement. Manger reste une activité sociale qui nous permet d’apprendre, d’inculquer des valeurs et d’éduquer au goût, d’échanger et aussi de flirter, voire d’impressionner.
Gâcher ces moments revient à se renfermer sur soi. Pour sortir de la culpabilité, il faut avant tout assumer ses choix alimentaires et découvrir le déclencheur, celui qui vous fait mal ou trop manger. Attention, il peut y en avoir plusieurs : stress, dépression, travail difficile, solitude… Ce déclencheur est souvent lié à l’affect. En assumant, la culpabilité diminue et la situation paraîtra moins grave, et surtout, peut-être réparée et donc é-qui-li-brée !

Les actions de prévention diabète
Dans le Grand Nouméa, les personnes souffrant de diabète, de prédiabète ou de diabète gestationnel peuvent trouver un soutien et un accompagnement auprès de l’équipe multidisciplinaire du Centre d’éducation de l’ASS-NC. Dans les communes de l’intérieur et des îles, les diététiciennes de l’ASS-NC proposent également des consultations dans le cadre d’un travail pluridisciplinaire avec les équipes des dispensaires provinciaux.
Depuis 1999, le Centre d’éducation thérapeutique de l’ASS-NC a pour mission d’apprendre aux patients, adressés préalablement par leur médecin traitant, à mieux prendre en charge leur santé au quotidien afin d’éviter les complications de la maladie. Des ateliers en groupe ainsi que des entretiens individuels gratuits sont proposés. Les stages se déroulent sur une période d’environ 9 mois. Après un diagnostic, un programme à la carte est réalisé.
Les patients sont pris en charge par une équipe multidisciplinaire qui comprend un médecin, une infirmière, une diététicienne, une psychologue, un professeur d’activité physique adapté et un podologue. Plus de 400 stages ont été dispensés par le Centre d’éducation thérapeutique en 2021.

Les 10 règles à suivre
pour manger mieux

Tout compte fait, tout commence en faisant ses courses. Ensuite, la recherche a identifié 10 règles alimentaires dont dépendent les équilibres métaboliques et donc votre santé.

Limiter les aliments ultra-transformés
C’est sans doute la règle la plus simple à suivre car, malheureusement, les plats tout préparés sont bien trop souvent source de sucres et d’additifs inutiles et potentiellement toxiques pour votre organisme.

Consommer plus de la moitié de sa nourriture sous forme végétale
Et oui. Bon, vous n’allez pas non plus tracer des lignes dans votre assiette mais cette règle peut être suivie à la semaine pour plus de souplesse. À la journée, vous risquez de culpabiliser. Cette règle stipule qu’il faudrait consommer plus de la moitié de sa nourriture, en poids, sous la forme de végétaux crus, secs, fermentés ou cuits… Un bon moyen d’optimiser ses apports en fibres.

Choisir des aliments à densité calorique faible
Pour ne pas vous balader avec une balance sous le bras dans tous les rayons de votre supermarché, il faut retenir que les soupes, crudités, fruits, végétaux et salades ont, en règle générale, un nombre de calories plus faible par gramme que des aliments plus gras. L’idée est d’être rassasié plus rapidement et plus longtemps.

Choisir des aliments à densité nutritionnelle élevée
Un aliment nutritionnellement dense renferme plus de minéraux et de vitamines. En les mangeant, vous fournissez plus de micronutriments qu’en consommant des aliments à apports caloriques « vides » comme les chips, les crackers, les aliments trop raffinés, les sodas ou les barres chocolatées.

Choisir des aliments antioxydants
Présents dans les fruits rouges, les noix et noisettes notamment, les antioxydants permettent de protéger les cellules et les tissus de l’agression de particules toxiques en partie responsables du vieillissement et de maladies dégénératives.

Choisir des aliments à index glycémique bas
Pas de secret, les amis. Plus les aliments ont un index glycémique bas, plus ils s’opposent à la prise de poids, au diabète. Autre avantage : ils ralentissent le vieillissement et préviennent certains cancers.

Équilibrer ses graisses alimentaires
La graisse n’est pas votre ennemi. Mais il est important de s’intéresser à sa qualité car elle agit sur de nombreuses fonctions biologiques comme la fluidité du sang, le niveau d’inflammation de l’organisme et, plus surprenant, l’équilibre de l’humeur. La plus intéressante : l’huile de colza.

Veiller à l’équilibre acide-base
C’est peut-être la recommandation la plus compliquée à mettre en œuvre. Elle demande d’avoir une bonne connaissance des aliments et, pour y parvenir, rien ne vous empêche de vous laisser guider dans les premières semaines par un nutritionniste ou un centre agréé, notamment dans la gestion d’un diabète. Notre corps, pour bien fonctionner, a besoin d’être légèrement alcalin.

Réduire le sodium et privilégier le potassium
Allez. Le sel, c’est agréable, mais c’est une vraie source d’ennui pour l’organisme, au même titre que le sucre, en plus sournois. L’alimentation actuelle est beaucoup trop riche en sel de table. Trouvez des alternatives rapidement (épices, sels de potassium…) afin de lutter contre les risques d’hypertension notamment.

Manger hypotoxique
Partez à la chasse aux polluants si vous n’avez pas le temps de tout cuisiner, mais aussi dans les produits que vous achetez. Bisphénol A, nitrites, pesticides, colorants, phosphates… On ne dit pas qu’il faut les bannir mais faites attention à leur teneur. Ces polluants n’ont en réalité rien à faire dans votre alimentation.

Découvrez Santé pour tous
Le site de l’Agence sanitaire et sociale de la Nouvelle-Calédonie regorge d’informations, de statistiques et de conseils pour apprendre à mieux manger et bouger plus. Depuis 2001, l’Agence sanitaire et sociale de la Nouvelle-Calédonie (ASS-NC) est engagée dans une mission de service public, en tant qu’établissement public, dédié au mieux-être et à la préservation de la santé de tous les Calédoniens.
www.santepourtous.nc

L’huile n’est pas
ton ennemi

Contrairement aux idées reçues, l’huile n’est l’ennemi ni des régimes, ni du bien-être alimentaire. En réalité, chaque huile possède des propriétés particulières qu’il est intéressant de maîtriser pour un contrôle de nos apports lipidiques.

Quelle huile pour cuisiner sain ?

Si vous cherchez une huile de cuisson polyvalente et bonne pour la santé, misez sur des huiles qui supportent de très hautes températures sans dégager de substances toxiques. C’est le cas de l’huile de colza, de coco et d’olive. Riches en acides gras essentiels, elles ont en plus la particularité de parfumer les plats.

Quelle est l’huile la moins grasse ?

C’est une question sans réponse ! En réalité, toutes les huiles végétales contiennent 99 % de lipides et donc se valent sur le plan calorique. C’est en réalité la composition en acides gras qui les différencie. On considère que toutes les huiles végétales apportent environ 90 calories pour 1 cuillère à soupe.
Les huiles à majorité d’acides gras linoléiques : huile de lin, de colza, de noix ou encore de chanvre.
Les huiles riches en oméga 6 : l’huile vierge de maïs, l’huile vierge de chanvre, l’huile de colza, l’huile de pépins de raisin ou encore l’huile de tournesol.

Quelle huile pour quel bienfait ?

Pour le cerveau, Les oméga 3 sont à privilégier. On les surnomme les « bons gras par excellence ». On les retrouve principalement dans les noix ou l’huile de colza mais les plus efficaces sont d’origine marine.
Pour le cœur, l’huile de colza est là encore votre meilleure alliée. Elle est également riche en antioxydants, notamment les vitamines E. Autre avantage, elle contient des quantités faibles d’acides gras saturés.

Pour les artères, des études ont démontré que l’huile d’olive avait des effets antithrombotiques et antiagrégants plaquettaires. Des propriétés qui permettent de prévenir l’athérosclérose, la formation de plaques riches en cholestérol sur les parois des artères.

Associer les huiles. Attention à ne pas vous focaliser sur une seule huile alimentaire. Il est important de respecter les équilibres entre les apports des unes et des autres pour bénéficier de tous les avantages. Privilégiez les flacons en petites quantités pour pouvoir varier, et surtout alternez les mélanges pour bénéficier de chaque bienfait nutritionnel.

La campagne appétissante

Les différentes crises qui ont touché directement ou indirectement la Nouvelle-Calédonie ces DERNIERS MOIS (Covid-19, guerre en Ukraine, La Niña..) ont mis en évidence l’enjeu impérieux que représente la sécurité alimentaire pour le pays.
Pour répondre à cette problématique majeure, l’Agence rurale a initié, depuis 3 ans, le développement d’une nouvelle filière « Plantes comestibles, légumes et fruits de diversification ».

Vous l’avez vu fleurir un peu partout. Une nouvelle campagne pour informer et réconcilier les Calédoniens avec les produits maraîchers locaux a été lancée. Une initiative de l’Agence rurale, mais surtout une stratégie de l’établissement qui « vise à diversifier l’offre alimentaire en incitant les producteurs à cultiver de nouveaux produits adaptés aux conditions pédoclimatiques de la Nouvelle-Calédonie. Mais ce projet n’est possible que si l’ensemble des acteurs des secteurs agricole, agroalimentaire, de la recherche, du développement, de la distribution, de la santé, de l’enseignement… adhèrent et participent activement à la transition alimentaire de la Nouvelle-Calédonie. »

Pour y parvenir, il a fallu convaincre. Les agriculteurs d’abord, et sur la base de constats. D’abord, les Calédoniens ont un mode de consommation « européen » et délaissent les légumes locaux. « Or, ces habitudes alimentaires sont en décalage avec les conditions de la Nouvelle-Calédonie, explique l’Agence rurale. En effet, la plupart de ces légumes, n’étant pas adaptés aux conditions chaudes et humides, sont produits uniquement sur la seconde partie de l’année. Le premier semestre, le pays importe quasiment tous ses fruits et légumes, lorsqu’ils sont disponibles chez les fournisseurs internationaux. » Ainsi, le taux de couverture des besoins en fruits et légumes par la production locale ne dépasse pas 40 à 50 %.

La Nouvelle-Calédonie est donc très dépendante de l’importation mais la taille réduite de son marché la rend peu attractive pour les grands exportateurs de la région et son insularité ne facilite pas l’approvisionnement qui est généralement réalisé par voie maritime. La plupart des légumes actuellement cultivés sont produits sur la seconde partie de l’année, avec parfois des volumes bien supérieurs aux besoins du marché, entraînant une chute des prix et des difficultés de régulation. La première partie de l’année, la Calédonie est servie majoritairement par des produits importés.


DES PRODUITS ADAPTÉS

En 2019, l’Agence rurale a donc engagé une réflexion globale dont un volet porte sur la diversification de l’offre alimentaire des Calédoniens « en distribuant des produits locaux sains, accessibles en termes de prix et toute l’année ». Pour y parvenir, l’Agence rurale a commandé au botaniste Bernard Suprin un recensement des plantes, fruits et légumes comestibles de Nouvelle-Calédonie, dans les jardins et dans le milieu naturel. Plus de 300 produits ont été identifiés avec plus ou moins d’intérêt agronomique et/ou commercial. Une short-list des comestibles fait actuellement l’objet d’une campagne de communication active baptisée « Récoltes du Caillou » pour vous en mettre plein les mirettes et pleins les assiettes ! À suivre sur Facebook.

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