Cunni or not cunni ?

Il paraît, me dit ma copine Sophie,
que « les femmes sucent plus que
les hommes ne font de cunni ».
Dis donc, l’égalité ce serait bien
au pieu aussi, non ?
Par Dr Arnaud Cuni*

Alors du coup je me suis lancé dans une grande enquête d’investigation sur le terrain du Net, des copains et des copines, si les hommes avaient vraiment la langue laborieuse question gonzesses. Déconcertant, mais il semble que la réponse soit oui. C’est quoi qui vous choque ? « C’est mouillé, gluant, je ne suis pas trop fan de cette ambiance. Je ne sais pas, c’est comme manger une huître mais sans l’huître. » Et sans le citron donc… Je note que Romain s’exprime tout en poésie pour un étudiant en lettres… En même temps, l’image fruitée de la banane pour les mecs est tout de même plus sympathique, on en convient.
Bastien ne fait pas non plus dans la dentelle. « Tu vois, le cunni, faut vraiment qu’elle me le demande et limite que je sois bourré parce que je trouve que c’est hyper intime comme truc ! » C’est vrai Bastien, te faire une petite gâterie du bout des lèvres voire plus, c’est tellement commun pour les filles. La routine, quoi ! Comme de demander un triple cheese et un coca light au fast-food du coin… « C’est pas ce que je veux dire, qu’il me dit, hilare, le Bastien. Mais tu avoueras que les femmes aiment la bite ! » Mais pas forcément la tienne mon (petit) Bastien, et là ça fait toute la différence.
Alors quoi ! Où sont les hommes qui aiment faire des minettes ? « Souvent, ils sont en couple depuis longtemps, estime Sophie (encore elle). Et souvent pour rendre la pareille mais pas vraiment par envie. Les vagins, c’est pas vraiment attrayant, non ? La vie, c’est une question de sacrifice… » Je ne sais pas pourquoi ma girafe, mais je ne le voyais pas trop comme ça mon sujet sur la question !

> Vision phallocentrique
(ça fait savant)
Les boys, il serait temps de vous délier la langue. D’abord, parce que le cunni, c’est juste un pur bonheur pour nous. Enfin pour la plupart d’entre nous. Et puis d’abord, l’une des raisons pour lesquelles on ne pense pas toujours cunni, c’est cette vision phallocentrique des relations sexuelles, comme disent les spécialistes de la question.
En gros, à part le phallus, rien ne compte ? En gros, à par la pénétration, on ne sait pas jouir autrement ? C’est là que je t’invite, toi homme et même toi femme, à remonter p. 22 de ce magazine pour compléter tes connaissances sur le clitoris ! Car c’est bien là, entre les cuisses, que la source du plaisir féminin se trouve. Mais les hommes ne sont apparemment pas très enclins à se plier à des pratiques sexuelles qui ne prennent pas en compte la pénétration, et c’est là tout le problème.

> Le plus intime des baisers
Pourtant, le cunnilingus est un moyen diablement efficace pour faire plaisir à une partenaire. Bien maîtrisé, c’est l’orgasme assuré ! Je ne suis pas là pour vous donner un cours et toute la littérature existe sur la Toile ! C’est vrai, le sexe oral est le plus intime des baisers. Dans les statistiques, la réponse est plus claire qu’avec mes potes : les chiffres laissent penser au contraire que les hommes ont la langue bien pendue. Dans un sondage Harris de 2010, 55 % des sondés auraient déjà pratiqué le cunni et l’enquête sur « La Sexualité en France » de 2008 de l’Inserm affirme que le sexe oral interviendrait dans huit rapports sur dix. Sachez aussi que c’est entre 35 et 39 ans que les femmes reçoivent le plus de cunnilingus.
Pour le Journal of Evolutionary Psychology en 2013, une étude tendait à prouver que ce qui incite le plus les hommes à faire un cunnilingus à leur partenaire… ce serait pour éviter que celle-ci soit infidèle. La recherche suggère que les hommes espèrent « minimiser le risque d’une infidélité de leur partenaire en augmentant leur satisfaction par rapport à leur relation ». Ça donne envie….

Là où il y a de la vie,
il y a de l’espoir !
Allez, respirez mesdames, on est quand même nombreux, nous les hommes, à aimer ça ! Désolé, les scientifiques, certaines choses sont tout simplement censées être amusantes. Pour Julien, c’est un « acte fusionnel, un péché mignon ! Il n’y a rien de plus excitant que de regarder sa femme avoir un orgasme ! » Et puis vous savez quoi, le cunnilingus se pratique depuis la nuit des temps.
À Pompéi, des archéologues ont retrouvé des fresques pornographiques prouvant que le cunni était déjà pratiqué à cette période de l’histoire. C’est ensuite que ça se gâte, si je puis dire. Dans la Rome et l’Égypte antiques, cette pratique est réservée aux lesbiennes et aux esclaves sexuels. On estime qu’elle est rabaissante pour les hommes et au XVIIe siècle, elle est même punie par la loi en Angleterre ! Il faudra attendre les puritaines années 50 et le film Les Amants pour voir Jeanne Moreau jouir du premier cunni de l’histoire du cinéma grand public. Un scandale !

Il n’y a rien de plus excitant que de regarder sa femme avoir un orgasme !


La fellation, 
le ciment du couple ? 
Selon un sondage Ifop, 88,5 % des femmes de 35-39 ans ont fait l’expérience de la pipe.
 37 ans après les exploits buccaux de Linda Lovelace dans Gorge profonde, glorifiant la fellation et provoquant un scandale dans l’Amérique puritaine, voilà que la pipe se démocratise.
 Elle est devenue « normale », répandue, banalisée.
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