Ces hommes qui prennent le pouvoir maternel

Ils sont de plus en plus nombreux. Entre 25 et 46 ans. Des papas investis que les clichés sur la « mère qui fait tout » rendent nerveux. Eux aussi s’investissent. Et nous soulage !

C.Idoux

 

Vous souvenez-vous du coup de gueule de Constance Hall sur Internet ? Cette maman australienne a littéralement pété un câble domestique et relevé les nombreuses injustices dont elle s’estimait victime à la maison face au laxisme et jemenfoutisme de son conjoint. Constance Hall, maman de quatre enfants a craqué quand l’un de ces amis lui a suggéré d’être plus « précise dans ces demandes à la maison » quand elle avait besoin d’aide. Parce que maintenant il faut fournir un guide pratique aux hommes ?

Ces propos font sourire les papas investis. Non seulement ils ont raison. Mais ils sont aussi de plus en plus nombreux à prendre leur part de responsabilité à la maison et en dehors quand bébé arrive. Quand les adolescents ont besoin d’être recadrés. « Je suis tout simplement papa, explique Sébastien. Je ne vois pas à quel moment je pourrai me dédouaner de ce rôle. Cet enfant, on l’a eu à deux et se soutenir l’un l’autre dans la vie de famille est une évidence. Je n’ai pas eu cette chance. Mon père était tout à fait du genre à mettre les pieds sous la table. Ce n’est pas le cas de ma conjointe et je crois que si je ne faisais rien je serais déjà dehors ! » plaisante ce papa de 46 ans.

Patrick s’est retrouvé papa du jour au lendemain en décidant de vivre avec Nathalie, déjà mère de trois enfants, et plus âgée que lui. « J’avais déjà à l’époque il y a 4 ans un vrai désir de paternité. À 34 ans, je commençais à croire que cela n’allait jamais être le cas. Vous avez de la chance vous les filles. C’est quand même plus simple d’avoir un bébé ! Aujourd’hui je suis comblé et les enfants de Nathalie me le rende bien. Ma plus grande victoire ? Qu’il m’appelle papa bien entendu ! ».

Et « PAF » le papa !

Au parc, il connaît les prénoms de tous les bambins. À l’école, il interroge régulièrement la maitresse sur les progrès de ses enfants, et enfin, il n’oublie JAMAIS le petit chapeau et la crème solaire pendant les sorties plage… « Papa poule » vous avez dit ? Peu commun, le père au foyer, ou « PAF », peut avoir des difficultés à s’assumer en tant que telles et à faire face au regard des autres.

Pour bien vivre la situation de PAF, il faut avoir pesé le pour et le contre, et en parler à deux. Ce n’est pas toujours évident de se retrouver seul à la maison avec les enfants. Il est donc préférable que cela ne soit pas une contrainte.

En général, devenir père au foyer est plutôt le fruit de circonstances. Elles sont liées à des mutations professionnelles, à la volonté de privilégier la carrière du conjoint, à des calculs entre le manque à gagner généré par le fait de rester au foyer pour s’occuper des enfants et le coût de leur garde ainsi qu’à divers d’autres éléments. Quoi qu’il en soit, même si un père au foyer n’a pas forcément choisi sa situation, l’essentiel réside dans le fait qu’il réussisse à faire coïncider ses aspirations et sa situation pour s’accomplir pleinement.

 

Le Babyblues, aussi chez papa

Attention, ces papas investis, épanouis et heureux, peuvent aussi être sujets au Babyblues. Cet état passager dans les quelques jours qui suivent l’accouchement se traduit par de l’anxiété et une peur de ne pas savoir répondre aux besoins de son enfant peut aussi toucher les nouveaux pères. On estime que 4% des hommes seraient concernés. Ce trouble relève surtout d’une certaine détresse face à l’arrivée de bébé alors que maman a tout de même neuf mois pour se préparer et prendre —physiquement- conscience de ce qui lui arrive. La naissance est souvent un choc émotionnel doublé d’une remise en question et ce choc est d’autant plus fort pour les papas poules !

La peur de ne pas être à la hauteur n’est donc pas l’apanage des femmes et il est important d’impliquer le papa dès les premiers mois même si vous allaitez. Préparation du bain, chauffer un biberon, changer les couches, se lever la nuit (le plus dur). On ne nait pas père, on le devient !

 

Conseil pour un PAF épanoui :

  • Profiter de ses enfants : être PAF, c’est être disponible quotidiennement pour ses enfants et cela aussi bien pour les chercher à l’école que pour les emmener faire des activités extrascolaires. Jeux, promenades, câlins… Être père au foyer permet aussi de se détendre et de passer du bon temps avec ses enfants… pas seulement de gérer les corvées !
  • Ne pas tenir compte du regard des autres : si les mères au foyer sont souvent critiquées, voire moquées, il en est de même pour les PAF. Les changements ont en effet encore du mal à s’imposer. Mieux vaut ainsi ne pas tenir compte du regard des autres et vivre sa vie comme bon vous semble.
  • Profiter de sa « rareté » : c’est un fait, les PAF sont plus rares que les mères au foyer, mais ce sont des précurseurs qui sont enviés par de nombreuses femmes. En effet, certaines aimeraient bien que leur homme suive, ne serait-ce que quelque temps, votre exemple. Profitez-en.

 

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