Quand le tatouage répare

Cicatrices, brûlures, taches de naissance… Le tatouage réparateur gagne ses lettres de noblesse et redonne à ceux qui en bénéficient confiance, force et identité. Initié en Allemagne, le tatouage sur cicatrices gagne de plus en plus de terrain en Europe et en France.


« Il y a 5 ans, j’ai eu un cancer du sein, raconte Maryse avec émotion. C’était pour moi comme un coup de tonnerre dans ma vie. Un coup d’arrêt aussi. Et puis non seulement j’ai survécu, mais vaincu mon cancer. Avec un sein en moins. Après la chirurgie réparatrice, je n’étais toujours pas satisfaite. J’ai décidé de franchir le pas et de reconstruire mon mamelon. Je crois que je ne vais pas tarder à aller plus loin et me faire un magnifique tatouage ! »
Sublimer les cicatrices provoquées par l’opération et transformer cette expérience traumatisante en véritable victoire, c’est le sens même du tatouage réparateur.
En France, depuis 2016, Rose Tattoo by Sœurs d’Encre offre des tatouages à des femmes ayant souffert d’un cancer du sein. Les cicatrices, si elles racontent nos histoires de vies, sont souvent difficiles à porter au quotidien. C’est surtout leur manque d’esthétisme qui dérange certains. Les cicatrices deviennent alors source de nombreux complexes qui nourrissent le manque de confiance en soi.
C’est d’autant plus vrai dans le cadre du cancer du sein. Pour le Dr Nicolas Kluger, dermatologue expert du tatouage et auteur d’un article scientifique sur la question, « le tatouage permet indéniablement aux femmes de reprendre le contrôle de leur corps, de maîtriser cette partie du corps qui leur échappe. Le tatouage apporte une amélioration de l’image corporelle chez les patients et une augmentation de la confiance en soi, et pour certaines, une vraie alternative à la reconstruction chirurgicale. »

Art thérapie

Véritable art thérarpie, en noir et blanc ou coloré, le tatouage permet de couvrir de manière esthétique ladite cicatrice, tout en la mettant en valeur. Réaliser un tatouage recouvrant une cicatrice disgracieuse permet souvent aux femmes, comme aux hommes, de mieux accepter leur corps. Jambe, bras, ventre, toutes les parties du corps peuvent être tatouées, mais cela dépend aussi de l’emplacement exact de la cicatrice, de son épaisseur et de son histoire. Entendez par là des souvenirs douloureux qu’elle peut faire ressurgir et de l’acte de les recouvrir qui dépasse alors la simple question esthétique.

Ça fait mal ?

Autre élément à prendre en compte : la sensibilité. Certains endroits, notamment l’intérieur des jambes, les doigts ou encore la colonne vertébrale, peuvent être plus douloureux que d’autres. La cicatrice doit aussi avoir deux ans minimum, ne plus avoir l’aspect rosé du départ et avoir donc « blanchi ». Le tatouage d’une cicatrice est en effet plus douloureux que sur une peau normale. Pour une brûlure par exemple, cette dernière doit être superficielle. Quand l’atteinte est profonde et les tissus très abîmés, il est parfois impossible de tatouer.

 » Réaliser un
tatouage recouvrant une cicatrice
disgracieuse permet souvent aux
femmes, comme aux hommes,
de mieux accepter leur corps « 


Le métier de dermographe esthétique
Cette branche de l’univers du tatouage est encore peu connue en France comme ici. La dermographie réparatrice, ou le « tatouage médical », visent avant tout à camoufler des cicatrices ou des vergetures en utilisant une encre qui imite la couleur d’origine de la peau. Le « tatouage » recouvre la cicatrice pour que cette dernière soit moins apparente à l’œil nu.
La technique est aussi utilisée pour reconstruire des aréoles mammaires après une ablation des seins (voir p. 42-43).
Pour y parvenir, les pigments minéraux sont introduits dans l’épiderme. Cette technique est très similaire à celle du tatouage et requiert un savoir-faire particulier pour que les résultats soient satisfaisants. Attention, les opérations de dermographie ont aussi des effets permanents ou semi-permanents. La technique exige des conditions d’hygiène très strictes et, pour la pratiquer, il est indispensable de suivre une formation dans des centres spécialisés.

La Semaine Rose Tattoo


Une fois par an, la « Semaine Rose Tattoo » est dédiée au tatouage post cancer du sein. L’association Sœurs d’Encre associe autour de la question des tatouages après cancer, des médecins, chirurgiens oncologues, radiologues et dermatologues pour répondre aux questions des femmes après la maladie.
Attention, tatouer des peaux qui ont subi des rayons ou des traitements médicaux particuliers nécessite un accompagnement spécifique. L’association propose aux tatoueuses qui le souhaitent un accompagnement avec des chirurgiens spécialisés dans la chirurgie reconstructive du sein, des oncologues ou radiologues, avec des tatoueuses aguerries au tatouage sur cicatrice et brûlure, avec l’appui de l’Institut Bergonié (Centre régional de lutte contre le cancer) et de l’AFSOS (Association francophone des soins oncologiques de support).
www.soeursdencre.fr

No Comments Yet

Comments are closed