(Toujours) À la recherche du konenki

Et si dans un avenir plus que proche, on décidait que la ménopause n’existait pas ? Et si l’on vous rappelait que cette notion, forgée en 1821 par un médecin français, n’avait aucune, mais alors aucune résonnance dans de nombreux pays à travers le monde ? Ça vous en débouche un ovaire, non ? (Et oui, c’est masculin. Mais on dit bien une verge…)


Sans négliger les symptômes physiques, la ménopause présentée comme un effondrement général est une conception purement occidentale et surtout récente, s’évertue à révéler Cécile Charlap*. Maîtresse de conférences à l’Université de Toulouse Jean Jaurès, elle a levé un tabou il y a 3 ans avec son livre La Fabrique de la ménopause. Pour Cécile (on l’appelle par son prénom parce qu’on l’aime déjà), « la ménopause n’est pas une maladie. Chez les Beti, au Cameroun, être ménopausée permet d’accéder à des fonctions de pouvoir ; chez les Baruya, en Nouvelle-Guinée, cela confère une liberté de parole ; chez les Indiens Piegan, au Canada, les femmes acquièrent le droit, comme les hommes, de mener leurs propres affaires, d’organiser des danses et de participer aux jugements… Dans ces sociétés, la ménopause apporte un accroissement des possibles. »

« Seules 12 % des femmes
en période de préménopause
seraient prêtes à en parler
à leur supérieur
si elles ressentaient des troubles
liés à la ménopause.
« 

Ce livre offre un point de vue original, celui des sciences sociales, d’autant plus précieux que les représentations de la ménopause se nourrissent presque exclusivement des discours médicaux, qui la considèrent comme une carence, associée à un ensemble de troubles et de risques. Le phénomène naturel devient alors une « maladie » qu’il faut traiter. Face à ce discours « savant » alarmiste, les expériences des femmes apparaissent plurielles et les liens sociaux se révèlent aussi importants que le vécu corporel. Une belle enquête sur un sujet tabou.

La « mise en science » de la ménopause

En réalité, la société française considère la ménopause comme une étape-clé du vieillissement des femmes, chargée d’angoisses, de rides, d’asséchement vaginal et de seins qui doublent de volume (on résume !). Bon… Si ça ne vous dérange pas, les « scienceux » de la ménopause, on aime plutôt regarder du côté de nos plus proches voisins à comparaison, nous avons nommé les Japonaises et le konenki. Non, ce n’est pas un gros mot pour dire « on s’en bat les lucioles », mais tout un concept qui place la Japonaise au centre d’un échiquier magnifique : celui de la bonification avec l’âge !

Ainsi, au lieu d’être la « fin » de la vie comme le déplorent les femmes occidentales, la ménopause au Japon est un moment de renouveau qui marque l’entrée dans une nouvelle phase de la vie, pas nécessairement misérable. La joie ! Le konenki est donc la promesse d’un événement unique, une nouvelle phase. Et puis, plus terre à terre, c’est la fin des pâquerettes mensuelles et la liberté sexuelle retrouvée sans contraception et (pour certaines) avec du lubrifiant ! La joie, on vous dit ! À tel point que ce terme a inspiré deux Françaises sur le chemin d’un nouveau « média sexy pour les femmes de plus de 45 ans », baptisé konenki.fr.
À découvrir !

  • Cécile Charlap est maîtresse de conférences à l’Université de Toulouse Jean Jaurès et chercheuse au Laboratoire interdisciplinaire solidarités, sociétés, territoires – LISST (unité CNRS/Univ. Toulouse Jean Jaurès/EHESS/École nationale de formation agronomique).

« Il y a toujours souci
avec le corps des femmes. Les règles sont un problème, leur arrêt est un problème. » Cécile Charlap, auteure de La Fabrique de la ménopause
« 

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