Entrepreneuses : Elisabeth Dono

Elisabeth Dono, co-gérante de Goudrocal

Le pouvoir de persuasion

Une femme qui gère une société dans le BTP, forcément, ça interpelle. Elisabeth Dono s’était pourtant juré de ne jamais se lancer dans l’entreprenariat. « Mes parents avaient une société ensemble et j’ai vu tous les problèmes que cela pouvait amener. Quand mon père a été malade, ils ont failli tout perdre. Hors de question que je vive ça » se souvient amèrement la fringante quinquagénaire.

Quand elle arrive sur le Caillou en 1998, elle se met donc au service des autres en tant que directrice commerciale et marketing. Après plusieurs années, elle souhaite faire évoluer sa carrière. « J’avais deux choix : trouver un poste de directrice générale, pour lequel les opportunités sont très rares, ou racheter une société. » Elle décide par sécurité de tenter les deux. Pendant quelques semaines, elle épluche les offres de rachat et ne trouve rien à son goût. « Je ne voulais surtout pas d’une société en concurrence avec les grandes familles calédoniennes. Tout d’abord, parce que je savais que je ne pourrai jamais avoir leur force de frappe financière et ensuite, parce que je serai toujours la petite zoreille blonde. » On finit par lui mettre sous le nez le rachat d’une entreprise spécialisée dans le goudron. « Ma première réaction a été : mais qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire avec ça ? J’avais déjà travaillé dans le BTP à 27 ans, et l’expérience avait été rude. C’était à l’époque un milieu très machiste. Mais à 40 ans, j’étais plus assurée, je n’avais pas peur de mettre les pieds dedans, j’avais juste besoin d’assimiler les compétences techniques qui me faisaient défaut. »

Elle s’associe avec un ancien collègue, Fabrice, et tous les deux deviennent co-gérant de Goudrocal. Lorsqu’on lui demande ce qui les différencie dans le management, elle répond amusée « J’arrondis les angles. Les femmes en général d’ailleurs. Les hommes sont plus sanguins, la testostérone explose et le conflit arrive vite. Quand je suis là, en réunion, au milieu d’eux, tout le monde tente de conserver son calme. Le pouvoir des femmes sans doute, » conclut-elle en riant.

Fait amusant : son associé tient exactement le même discours, presque mot pour mot. Pour Elisabeth, pas question de parler d’inégalité innée entre hommes et femmes. « Nous sommes juste différents. Et petit à petit, le monde s’en rend compte. Il faudra encore plusieurs générations, mais les stigmates des précédentes devraient s’effacer peu à peu. Soyons patientes. L’égalité et l’acception de la différence se feront par l’éducation. »

Monter une entreprise selon Elisabeth :

« Je reprendrais la devise de HEC : apprendre à oser ! »

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