Anthony Dumont

« La diversité est une richesse pour la société et non un danger. »

Ne vous fiez pas à son sourire presque enfantin, ses yeux rieurs… Anthony Dumont est un combattant, un soldat au service des associations. À 34 ans, il travaille comme coordinateur de formation à l’École de la réussite et préside le Comité de promotion de la santé sexuelle et affective (le CP2S). Un véritable engagement
qui lui vaut d’être notre mec du mois !

 

Pourquoi as-tu décidé de te lancer dans l’associatif ?
J’ai le sentiment de ne pas être seulement spectateur, mais de devenir acteur. Si, par ma petite contribution, j’arrive à faire évoluer les consciences, à faire changer les choses, j’aurai contribué à quelque chose de bien plus grand que moi. C’est aussi une façon de rendre ce que j’ai reçu de la part d’autres personnes qui m’ont tendu la main lorsque moi-même j’étais en difficulté !

En difficulté ?
C’est lié à l’acceptation de ma différence, c’est-à-dire mon homosexualité. Je me suis découvert à l’adolescence et cette période a été réellement très difficile, notamment vis-à-vis du regard des autres. J’ai eu la chance de rencontrer des personnes qui m’ont tendu la main, qui m’ont aidé à prendre confiance en moi.

Tu as travaillé pendant quelques années au CP2S, tu en es le président aujourd’hui. Peut-on dire que l’homme est l’égal de la femme en termes de sexualité ?
Pas du tout ! La femme se traîne encore l’image de l’objet sexuel, qui n’existe que pour assouvir les désirs de la gent masculine. Messieurs, à ceux qui se sentiront concernés bien sûr, le plaisir sexuel n’est pas votre monopole !
Mais je pense que ce qui m’a le plus choqué finalement lors de mes deux ans au CP2S, c’est d’entendre – au sujet de femmes victimes de violences sexuelles : « Oui, mais tu as vu la manière dont elle est habillée ? » Je trouve ça profondément choquant, d’autant plus lorsque ce discours sort de la bouche d’autres femmes. Ça montre le conditionnement de la société dans laquelle nous vivons tous. Mais où allons-nous ?

On sent ta passion à ce sujet. Anthony, serais-tu féministe ?
Non, c’est juste du bon sens ! L’égalité entre les hommes et les femmes est une notion sur laquelle nous ne devrions même pas avoir à discuter. Elle me semble naturelle. La femme est l’égale de l’homme. Tout simplement. Malheureusement, la société dans laquelle nous vivons nous amène à ouvrir ce débat et surtout à mettre en place des mesures pour garantir cette égalité. Je prends l’exemple du salaire. C’est tellement malheureux qu’aujourd’hui nous soyons dans l’obligation de légiférer sur cette question pour garantir un droit de fait.

Quel est ton premier souvenir de sexisme ordinaire ?
Ça doit remonter au collège. J’avais une camarade de classe qui voulait devenir conductrice de camion. Son père refusait catégoriquement : c’est un métier d’homme et non de femme. Il fallait qu’elle soit secrétaire ou coiffeuse, selon lui. Déjà à l’époque, je ne comprenais pas en quoi une femme était moins qualifiée qu’un homme pour exercer ce métier ! Dans le cadre de mes fonctions, je reçois régulièrement des jeunes femmes qui ont raté leurs études parce qu’on les avait obligées à emprunter un chemin qu’elles ne voulaient pas. Si on avait pris le temps de prendre en considération leurs attentes, elles ne seraient peut-être pas en train de tout recommencer aujourd’hui.

Si tu devais choisir un seul combat, lequel prendrais-tu ?
La tolérance ! La diversité est une richesse pour la société et non un danger. Nous avons tellement de choses à apprendre les uns des autres. Quand l’être humain comprendra que nous sommes tous interdépendants les uns des autres pour vivre, on aura fait un très grand pas !

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